La lettre de Ph Meyrignac / Décembre 2014 / Les Cigognes Noires

Publié le par Philippe MEYRIGNAC

Projet de couverture
Projet de couverture

Bonjour,

Après "Le Papillon Vert" mon prochain roman sera "Les Cigognes Noires". Je veux vous proposer les premiers extraits (le texte n'étant pas définitif). Ce nouveau livre assez différent du précédent, se déroule principalement au XXème siècle et pendant la deuxième guerre mondiale. Il est construit sur la base de souvenirs de famille. Trois histoires s'entremêlent racontées par Mathilde, ma mère :

1. L'histoire de Mathieu, l'oncle déporté en allemagne.

2. L'histoire de Mathilde, qui raconte la survie de sa famille dans la ville de Caen pendant le débarquement de 1944.

3. Les Cigognes noires, c'est à dire l'histoire de la saga familiale qui conduisit la famille de Mathilde en Normandie.

  • Le premier passage est extrait au début du roman :

Histoire de Mathieu : l’évacuation.

Ce sont les toutes dernières semaines de la seconde guerre mondiale. Depuis plusieurs jours les déportés du Kommando Heinkel marchent à travers la campagne du Brandebourg. Encadrés et poussés par des SS, ils fuient les camps qu’ils ont évacués de force devant l’avancée inexorable de l’armée rouge soviétique. Plusieurs colonnes avancent ainsi péniblement sur la route de Hambourg, en se succédant de place en place. Déjà cent kilomètres parcourus dans la boue depuis l’usine Heinkel, annexe du grand camp de concentration de Sachsenhausen, près de Oranienburg, au nord-ouest de Berlin. C’est une fuite en avant. « Arbeit macht frei » (Le travail rend libre) avaient-ils lu sur les portes à leur arrivée au camp. Cette devise était une mystification des nazis. Mais depuis leur sortie ils y croyaient de nouveau !

Du 21 au 29 avril 1945, 33000 survivants de Sachsenhausen, le plus grand camp situé sur le sol allemand, exténués et hagards, sont ainsi jetés sur les routes, livrés à la folie criminelle des SS qui les encadrent. Quelques-uns seulement survivront. Car les nazis vaincus et repoussés successivement entre les fronts russes et anglo-américains sont devenus comme fous. Tout, sauf les russes. Les russes sont des barbares, ils les craignent et pensent qu’ils ne leur feront aucun quartier. Il faut prendre les devants et avancer vers les lignes alliées. Mais les ordres sont là : encore disciplinés malgré la défaite, ils avancent vers Hambourg. En trois jours la longue colonne à pied a dépassé Alt-Ruppin, Rägelin, Wittstock et le bois de Below où plusieurs camarades agités par cette faim qui rend fou ont été impitoyablement éliminés d’une balle dans la nuque.

Plus loin, à Parchim, c’est le début d’une longue plaine monotone qui mène à Crivitz et Schwerin. Le sol, spongieux, est encore imprégné du gel de l’hiver. Les nuits sont terriblement froides. Les déportés dorment dans des abris de fortune, rassemblés par des gardes excités par la peur des russes. Les SS tirent à vue dans le noir sur tout ce qui bouge. A l’aube, abandonnant les cadavres de la nuit rapidement poussés par les survivants dans les fossés, les colonnes repartent dans la brume glacée. Ce sont des ombres dans le petit matin. Décharnés, misérables, le dos courbé par les efforts accumulés, ces pauvres hères avancent comme des fantômes vers un destin sinistre.

Les nuages noirs et glacés de la nuit fuient devant eux, loin en direction de la mer. Le paysage se découvre peu à peu. On entre dans le Mecklembourg.

— Cette plaine immense, morne et désolée n’en finit plus, se dit-il.

Il racle le chemin de ses pieds vaguement habillés de galoches de tissu, usés jusqu’à la corde. Il avance instinctivement sans prendre garde à son équilibre. Mettre un pied devant l’autre encore et encore, surtout ne pas trébucher sur le camarade qui le précède, et encore moins ralentir ou vaciller en laissant croire qu’on est à bout. Il ne faut en aucun cas attirer l’attention des gardes qui veillent au moindre faux pas. Pourtant, on est à bout. C’est une marche mécanique ou chaque pas reproduit tant de fois a fini par éliminer toute forme de réflexion. Les hommes enchaînés les uns aux autres sont réduits à l’état d’un convoi d’animaux promis à l’abattoir. Soudain, son pied heurte quelque chose : une pierre le fait trébucher. Il reprend conscience subitement. Il pense, il réfléchit, il est vivant ! Mais Il arrive juste à penser qu’il est encore en vie.

— Tant qu’il y a de la vie, y’a de l’espoir, se dit-il en souriant. C’est avec ce genre de formule toute simple que Mathieu Legallo tient le coup. Son sourire se transforme en grimace sous l’effort intense qu’il produit. Mathieu est un costaud, un dur à cuire qui a survécu à toutes les épreuves de la vie, par la ruse et par la force. Enfant illégitime il a survécu à une jeunesse troublée par la honte et les quolibets. Il a survécu à ses origines modestes. Il a survécut à sa condition misérable en apprenant le métier d’électricien sur les bateaux-ateliers pour sous-marins. Il a survécut à la grande guerre et trouvé un poste à l’usine électrique du port de Caen. Il a survécu aux luttes syndicales qui l’ont conduit parmi les meneurs des grèves avec son frère en 1936 et surtout fin 1938. Il a survécu au chômage qui s’en suivi, pendant de longs mois de disette. Il a survécu à une mort inutile lors de la drôle de guerre de 1940. Il a survécu à une semi-clandestinité, participant à la résistance, tout en travaillant pour les allemands, dès 1941. Il a survécu à la Gestapo lorsque arrêté à Caen en 1942, n’ayant rien dit, rien trahit des réseaux, des amis et de tout ceux qu’il savait travailler dans l’ombre pour la cause et pour la liberté. Il a survécu aux trains plombés surpeuplés lors des convois des quarante-cinq mille vers Royallieu puis vers l’Europe de l’est. Il a survécu aux terribles camps d’Auschwitz, de Sachsenhausen et de Trebnitz, où la mort rôdait de toutes parts. Il a survécut à la tonte, à la désinfection et aux mauvais traitements, habillé de vêtements rayés infâmants et maculés du sang de prédécesseurs. Il a survécu aux malins sabotages qu’il pratiquait avec ceux du Kommando dans l’usine Heinkel, en prenant tous les risques. Faire en sorte que la pièce sortie du tournage passe le contrôle qualité mais s’assurer qu’elle cassera à la première utilisation. Un coup de massette en bois bien dosé sur la pièce métallique en guise de finition, c’est son copain Charlie qui avait trouvé l’astuce…Il a survécu à la faim, aux épidémies et aux mauvais traitements de toutes sortes. Il a survécu à la peur, à l’angoisse et à la désespérance. Il a survécu à l’envie d’en finir une bonne fois pour toutes, en courant jusqu’aux barbelés pour se faire mitrailler. Il a survécu, encore, à l’évacuation dramatique des camps par les SS et à l’élimination des inaptes, estropiés, tuberculeux ou dysentériques. Il a survécu pour sa femme, il a survécu sa fille, il a survécu pour son frère, il a survécu pour toute sa famille.

Mathieu, matricule 45767, est à tous points de vue, un rescapé et un coriace. Et pourtant, harassé de fatigue et de sommeil, sur cette route grise et boueuse, il avance à présent comme un automate, pas après pas. La liberté. La liberté est peut-être au bout. Mais les Nazis les pressent, ce n’est pas une promenade de santé, il faut maintenir la cadence et avancer, avancer encore, avancer toujours, à un rythme quasi-infernal. Mathieu n’a rien mangé depuis deux jours, juste deux bouchées d’une boîte de conserve offerte par la croix rouge internationale, une boîte pour dix. Il est tenaillé par la faim. Dès qu’on s’arrête, chacun cherche dans les herbes des pousses de pissenlits, des feuilles d’orties, ou des faînes de hêtre, oubliés par les colonnes précédentes. Comme des ombres dans la nuit ils grattent la terre de leurs ongles en s’écorchant les mains, souvent en vain, parfois ils trouvent un morceau de betterave dont ils font un festin ! Enroulé à même le sol, dans sa couverture, Mathieu pense à sa famille qui l’attend, à Caen. Son petit frère Josselin lui manque. A-t-il été arrêté lui aussi ? Mathieu n’a reçu aucune nouvelle. Il a terriblement soif maintenant. Il a mal au ventre ; il se tord sur le sol ; il faut tenir. Il pense aux jours heureux : les congés payés, le bonheur des premières vacances au bord des plages normandes avec sa femme, Félicie, et les rires de sa fille, Félicité, et de sa nièce, Mathilde, jouant ensembles avec un cerceau dans l’insouciance de leurs dix ans.

(...)

A présent, il pleut, une lourde pluie glaciale, un rideau de pluie qui assomme, transperce les maigres vêtements et mord cruellement la peau. C’est une pluie qui tue, demain plusieurs seront malades, plusieurs mourront, et c’est une pluie qui rend la vie, car enfin on peut boire, sans la crainte des mares souillées par les déjections. Mais, dans le froid humide, les maigres muscles sont tétanisés. Il faut s’entraider. Chacun fait comme il peut, les plus forts viennent au secours des plus faibles. Certains sont épuisés. Il faut les épauler, les soutenir, les porter. Mathieu est de ceux-là. Il avance encadré par ses deux copains, Charlie et Marcelin, plus jeunes que lui, plus vigoureux peut-être.

(...)

Caserne de Caen en 1942 (Mathilde apparaît à gauche avec deux amis de ses parents)
Caserne de Caen en 1942 (Mathilde apparaît à gauche avec deux amis de ses parents)
  • Le deuxième passage est extrait du cœur du roman, c'est je jour du débarquement allié...Mais personne à Caen ne comprend ce qui se passe sur les plages à quelques kilomètres de la ville. La destruction de Caen commence....

Histoire de Mathilde: Mardi 6 juin 1944, 13h30.

Toute la famille à nouveau réunie à table commence à manger dans le petit appartement quand, tout à coup, une énorme déflagration retentit dans la rue Basse toute proche. Un bombardement intense nous fige, pilonnant le haut du quartier, rue des Chanoines et rue du Vaugueux. Josselin se lève visiblement paniqué prend vivement Yoann sous son bras comme on saisit un cochon de lait et :

—Vite, vite prenez tous vos affaires et suivez-moi ! »

Et on descend, on descend, et on descend à toute allure dans le grand hall… Et on pousse doucement la lourde porte de l’immeuble. Même d’un coup d’œil rapide la vision de notre rue Montoir est terrible…Comment va-t-on pouvoir passer ? Soudain le vacarme s’interrompt, une brève accalmie et on sort en vitesse dans la poussière et les hurlements, puis on court, on court, on traverse la rue, et on va d’une entrée de porche à une autre, et on court encore, sous les éclairs des explosions terrifiantes des bombes, et au milieu des éclats de bois, de fer et de pierres qui s’entrecroisent partout dans le vacarme des « Flak-Flak-Flak » de l’artillerie antiaérienne allemande qui tire du château tout proche et le ronflement incessant des avions. Enfin ça y est ! Toute la famille réussi à rejoindre l’abri Flambard : tremblotante, affolée, à bout de souffle, mais saine et sauve.

Dans la faible lumière tremblotante de bougies et lampes à pétrole de la cave voutée chacun retrouve sa place quittée il y a juste quelques heures. Les gros sacs de papiers servant de matelas étaient encore en place. La famille retrouve son coin et s’y pelotonne. Yoann est serré entre Josselin et Mathilde et Roxane en pleurs, secouée de spasmes et de cris, les yeux révulsés est accrochée contre Violaine. Le fracas des bombes qui pleuvent alentour est d’une violence inouïe. Mathilde terrorisée ne dit plus rien. Les deux yeux dans les poings elle prie. Elle aimerait bien avoir son missel à cette minute car les mots ne lui viennent plus et elle voudrait prier pour tout ceux de l’abri et ceux qui sont restés dehors ou dans leur maisons exposés aux tirs meurtriers. Que va-t-il se passer ? Comment cela se passe-t-il la mort ? Car c’est sûr une bombe va bientôt souffler la porte en bois de la cave et la mort va les prendre tous ensemble lorsque le plafond de l’abri va s’écrouler sur eux. La peur c’est l’angoisse de l’inconnu. Et la peur s’installe creusant les visages blafards dans le fracas terrifiant des explosions toutes proches.

Le bombardement est fini. Il a duré quelques minutes mais qui ont semblé des heures à ceux qui les vécurent. Ils n’oublieront jamais. On entendait encore des cris, des hurlements, des tirs, des murs qui s’éboulaient et des explosions, le gaz peut-être. Peu à peu les choses se calmaient, nous étions tétanisés puis chacun repris ses esprits. Cela allait. On était en vie !

Cette fois des gens arrivaient dans l’abri avec des blessés.

(...)

Tout à coup Mathilde avait eu envie de pisser…pas moyen de se retenir plus longtemps, mais pour se libérer elle a dû sortir de l’abri, rejoindre l’eau courante du caniveau et s’accroupir comme ça au milieu de rien…à la merci de tout…A la guerre comme à la guerre, comme on dit.

(...)

Ruines de l'immeuble où habitait Mathilde
Ruines de l'immeuble où habitait Mathilde
  • Le troisième passage extrait au début du roman révèle le thème-titre du roman :

Les cigognes noires : Jean Storch.

Une part de l’histoire de notre famille commence réellement en Allemagne déclare Mathilde. C’est en Prusse Rhénane, pas loin de Coblentz, au sud de Bonn, à l’ouest de l’Allemagne, dans cette belle région de Rhénanie-Palatinat rattachée à la grande Prusse pudiquement appelée « Confédération d'Allemagne du Nord » en 1867, que se situe une partie de mes origines maternelles.

Jean Storch fils, mon aïeul, né à Pfalzfeld, le 9 novembre 1840, est un enfant de la balle. Il vit dans la roulotte de ses parents, Jean Storch père et Margueritte Liesenfeld, installés près de Halsenbach, une jolie bourgade de maisons à colombages de style traditionnel rhénan. C’est une belle région de collines boisées située entre la Moselle et le Rhin. La famille vit à la sortie de la ville dans une grande roulotte en bois au toit rond peinte autrefois de couleurs vives mais à présent toutes délavées. Des fenêtres aux rideaux à fleurs et une porte ouvrent sur un capharnaüm de petit intérieur. Il y a tout ce qu’il faut mais en grand désordre.

Accrochée dans un coin au-dessus de la couchette de Jean, cachée par un rideau, la guitare héritée de son grand-père Auguste. Un bien pauvre instrument en vérité. Le vernis à moitié écaillé, la table constellée de coups les cordes usées et salies, l’histoire de ce qui fut un bel instrument autrefois se lit sur ces marques indélébiles du temps transmises de génération en génération. C’est le bien le plus précieux de Jean. La musique c’est la passion de Jean. Il a appris à jouer très jeune, de façon naturelle en s’exerçant avec un ancien du clan. A présent c’est un as ! Certains soirs, devant un grand feu, au milieu des familles réunies pour la veillée, il en tire avec excellence des airs mélancoliques aux accents orientaux et aussi quelques mesures de danses du folklore hongrois qui déclenchent inévitablement des claquements de mains syncopés et quelques pas rythmés des jeunes filles qui balancent leurs jupons en tournant. Jean aime ces réunions, il aime la fête, rire, danser, se déguiser : faire l’artiste.

Mais Jean Storch fils n’est pas seulement un vannier qui tresse des paniers et répare les chaises à longueur de journée. Jean a un vrai métier : il est maçon. Et en se déplaçant de village en village, pour trouver son gagne-pain, il rencontre ces « vrais » allemands si différents de lui et des siens. Jean est un grand brun aux traits fins, ses cheveux d’un noir d’encre lui font une belle tignasse sur sa peau mate : il a les yeux marrons, un nez droit, une large paire de moustaches noires et une tache de famille café au lait dans le cou. A 20 ans, Jean le sait bien : ses origines ne sont pas ancrées dans cette terre du Palatinat où le petit groupe de famille qui accompagne les siens se sont arrêtées depuis quelques années. Là vivent ensemble, sous l’autorité des anciens, plusieurs générations de familles : les Storch, les Liesenfeld, les Nuss, les Holderbaum et quelques autres peut-être apparentés aux Sinti. Malgré les réticences, avec le temps, les mariages ont croisé les peuples. Une partie venue directement de l’est et de la grande Russie, une partie venue du sud de l’Asie. Entre eux ils parlent un allemand mâtiné de Sintikes, un dialecte indo-germanique.

Les gens du village ne comprennent pas bien ces miséreux qui ont un air encore plus fier que les « vrais » allemands. Alors, on ne les aime pas. On tolère leur présence, c’est tout. Ces familles ont un point en commun, elles viennent de bien plus loin que l’Allemagne, de Hongrie, des Balkans, de Perse, de l’orient lointain peut être bien, du côté du soleil levant, c’est certain. La légende familiale qui s’est répétée de génération en génération par la parole des plus anciens raconte l’histoire de leurs origines dans la lointaine vallée de l’Indus, qui se dit Sindhu en indien.

Jean Storch apprécie ces vieilles histoires qu’il mêle parfois de quelques notes pour chanter l’histoire des cigognes noires. Car Storch veut dire cigogne en germanique. Ce nom fut choisi il y a bien longtemps par les autorités lors de la traversée de la Hongrie. Le nom d’origine de la famille s’est perdu. Il fallait trouver un nom là de suite devant le douanier pressé au milieu de sa paperasse.

(...)

La lettre de Ph Meyrignac / Décembre 2014 / Les Cigognes Noires

Pour lire la suite...patientez encore un peu le Roman Les Cigognes Noires est à paraître.

en attendant laissez moi vos commentaires positifs ou négatifs ce sera une aide précieuse. A bientôt sur ce BLOG pour un prochain article. Abonnez-vous !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Etes-vous certain d'avoir exactement localisé le n°9 du Montoir Poissonnerie ?<br /> Ne serait-ce une ou deux portes à côté ?<br /> <br /> Au XVIIIème siècle, le n°9 du Montoir Poissonnerie et le n°15 de la Rue du Ham formaient l'auberge de la Petite-Notre-Dame. Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le n°15 de la Rue du Ham était devenu une maison de passe<br /> <br /> Juste à côté des "Ruines de l'immeuble où habitait Mathilde", le pan de mur plus haut, ce sont les ruines du n°12 du Marché au Bois. C'était, au moins de 1757 à 1820, une autre auberge (le Point du jour), celle des ancêtres éponymes du peintre Stanislas Lépine (1835-1892)
Répondre